l'immédiate
journal d'O.

 

 

A...

25.10.04

dans le couloir le jeune homme silencieux a pris son chapeau, une cigarette qu'il amène tranquillement à sa bouche, et il me regarde - je le suis sans poser de questions. nous marchons dans les rues noires. nous marchons dans la ville effacée. c'est Paris, ça n'est pas Paris, ça ne sera plus jamais Paris seulement, c'est le monde entier à ses côtés et je pourrais le suivre toute la nuit, lui l'étranger silencieux aux yeux miroirs, le long des boutiques closes et du canal désert. par hasard, par passion, par jeu aussi je lui parle d'Arthur Cravan, il n'a pas l'air le moins du monde étonné, il a à son sujet des mots d'une limpidité étonnante, images météores, pépites d'or lancées au vent de la nuit et de ma fascination avant de retomber dans son silence de statue, sans sourire, et de baisser soudain les yeux comme une jeune fille devant les miens. la rue est toute à nous, je tremble comme en hiver, je verse un peu la gorge, il allume une autre cigarette, je joue avec l'idée de l'embrasser et puis nous rentrons dans l'appartement chaud et heureux où l'on nous attend, il a la façon la plus délicieuse du monde de souffler ses ceta quand il parle en espagnol avec F, mon coeur immense se suspend un moment, je suis amoureuse de l'amérique latine toute entière, et puis d'un seul barcelonais.

(pour le moment)

 

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