l'immédiate
journal d'O.
Paris

 

 

d'humeur dangereuse - tout à travers la ville, sans apaisement - Bastille, une table de bistrot, des visages, des fragments, la rue, la Seine, sur le pont je respire, Odéon, des livres, le froid, mains serrées, numéros de téléphone échangés, je ne veux pas prendre le bus, encore l'eau, toujours l'eau, le front haut couper la foule et puis venir toucher l'oeil fou de Judith, ces deux ou trois endroits de couleur où la lumière s'abîme, juste au dessus du rêve, de la chair violente et du rouge vivant je ne me sors pas vraiment des autoportraits aux alkékenges, les dessins de Schiele qui me déchirent doucement le coeur - il n'y a que ça : la déchirure - et assise dans la lumière obscène soudain une main passe derrière moi et jusqu'à mon épaule mais il ne me touchera pas, solide comme un morceau de glace tout au fond de ses yeux l'exigence et la dureté des petits garçons je la reconnais je n'y oppose aucune espèce de résistance, quelqu'un rit : il te les faudra donc toutes ! et puis il se tient là très droit : - je n'en vois qu'une, brûlant le sang circule dans le gouffre de mon corps et brûlante je n'en laisserai strictement rien paraître, quand il se tient devant moi longtemps et puis que comme frappé par la nuit il me regarde je ne souris pas, je ne parle pas - je donne ma peau tout entièrement.

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mercredi 7 décembre 2005