l'immédiate
journal d'O.
Paris

 

 

rêves liquides, je reprends

une île de la mer de Marmara
la faille : menace imminente du séisme
les rêves liquides me roulent loin sous la peau
il y a la maison, blanche, immense, escaliers, gouffres secrets, herbes folles et fleurs malades
face à la mer inexorable
le jour, la lumière antique de la méditerranée
la nuit, le cri fou des mouettes
au haut de la colline le plus ancien bâtiment de bois du monde, et qui fut tour à tour
monastère orthodoxe, couvent, hôtel, bordel, orphelinat et musée abandonné
sur la côte splendide les palais des anciens princes byzantins, grappes violettes et profondes
des grandes bougainvillées, calèches, piscines, somptueuses tables dressées sur les terrasses pour dîner,
et les jeunes adolescents dans les fourrés d'hortensias qui embrassent goulûment les tout petits seins
de leurs gouvernantes anglaises
sur la côte aride les chevaux, le quartier sale, défait, taudis de la populace asservie
la jeune fille aux yeux lavande brûlée, peau de morte, qui dort dans le creux de la vague
le garçon aux cheveux noirs, bouche sang rouge, debout au balcon de la nuit

dans la maison fatale de bord de mer je me laisse tomber entière au piège merveilleux de l’amant et du frère

et la mer bat son plein, toujours

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dimanche 11 décembre 2005