l'immédiate
journal d'O.
Paris

 

 

 

les rêves sont profonds mais ne heurtent pas.

ce rêve de la mer bleue noire où circulent les requins, et je n'ai pas peur.

une balle me traverse très distinctement le sein droit et je sens la chair doucement se déchirer, une brume froide et un bruit assourdissant me montent dans les oreilles - je pense : c'est donc ça, la mort ? - et puis je m'effondre, je m'attends à ce que tout cesse comme tout a commencé : rien, le corps reste là, les mots restent là, je me redresse et je me demande si je suis vivante ou morte aux yeux des autres - en tout cas bien vivante pour moi.

plus tard, dans un grand couloir qui monte et où l'on nous a tendu des pièges, au bras de L je ne m'inquiète de rien - nous nous mettons à table, reçues par une énorme femme à perruque qui semble un peu flotter comme une bouée dans sa robe montgolfière - on nous sert des viandes froides, des oursins, des vins d'orient chargés d'épices, de petits loukoums blancs soyeux comme la tête des hermines - et tout à coup la femme se lève, son rouge à lèvres coule et déforme sa bouche, elle s'écrie : je sais bien que vous êtes venues pour voler mes peintures !

et puis le rideau tombe et découvre la ville blanche dans la mer

et puis le phonographe s'arrête et la femme disparaît.

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© ophélia 1999-2006

samedi 10 décembre 2005
la nuit, la mer