Tokyo,
toujours, dans
la douceur tranquille du garçon perdu à la fenêtre, dans
ses mains, ses yeux, ses cigarettes, cette façon extraordinaire
qu'il
a de me parler, sur le souffle, sans apprêt - nous resterons
des heures si calmes, des heures à dire la ville, la seule,
les bus
tombés du siècle dernier qui avalent l'asphalte odorant d'entre
les carcasses lumineuses des buildings - mon dieu - ça ne s'arrête
donc jamais - des heures dans ces jardins suspendus du monde
entre Shinjuku et le ciel, bien sûr, le café chaud en cannette
des vending-machines
de coin de rue, umeshu rokku et sweet muriel,
la nuit le long de Meiji-Dori j'ai couru comme une folle parfois
ivre de
la foule et de ma chair, et tu sais ça - tu le sais comme la
surprise des arbres à peau de lumière de Keyaki-zaka, comme
la beauté de la baie, comme le rainbow bridge sublime,
et ce feu piéton devant le grand magasin Seibu qui passe toujours
au vert superbement en retard, tu le sais et puis tu sais la
déchirure, tu te plais à me rencontrer d'abord dans le souvenir
de ta grande ville natale, tu me parles dans ta langue qui
en moi parle la mienne secrète, tout apparaît soudain à nouveau
si limpide, dans la nuit lointaine les grandes roues d'Odaiba
sont
des émetteurs
géants qui toujours nous appellent.