l'immédiate
journal d'O.
à Paris mais plus jamais à Paris vraiment

 

 

Tokyo, toujours, dans la douceur tranquille du garçon perdu à la fenêtre, dans ses mains, ses yeux, ses cigarettes, cette façon extraordinaire qu'il a de me parler, sur le souffle, sans apprêt - nous resterons des heures si calmes, des heures à dire la ville, la seule, les bus tombés du siècle dernier qui avalent l'asphalte odorant d'entre les carcasses lumineuses des buildings - mon dieu - ça ne s'arrête donc jamais - des heures dans ces jardins suspendus du monde entre Shinjuku et le ciel, bien sûr, le café chaud en cannette des vending-machines de coin de rue, umeshu rokku et sweet muriel, la nuit le long de Meiji-Dori j'ai couru comme une folle parfois ivre de la foule et de ma chair, et tu sais ça - tu le sais comme la surprise des arbres à peau de lumière de Keyaki-zaka, comme la beauté de la baie, comme le rainbow bridge sublime, et ce feu piéton devant le grand magasin Seibu qui passe toujours au vert superbement en retard, tu le sais et puis tu sais la déchirure, tu te plais à me rencontrer d'abord dans le souvenir de ta grande ville natale, tu me parles dans ta langue qui en moi parle la mienne secrète, tout apparaît soudain à nouveau si limpide, dans la nuit lointaine les grandes roues d'Odaiba sont des émetteurs géants qui toujours nous appellent.

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dimanche 18 décembre 2005