l'immédiate
journal d'O.

 

 

 

l'éclatement, l'éparpillement, la dissémination - ce qu'il faudrait accepter. bien sûr la poésie, bien sûr Artaud : " un homme se possède par éclaircies, et même quand il se possède, il ne s'atteint pas tout à fait. " je m'échappe à moi-même, je cherche l'allure, la vitesse, la fonte soudaine de toute chose, je m'y perds et encore : ces mains qui bougent, cette langue, cette chair, ces robes et ces carnets que je retrouve d'années passées comme d'une vie antérieure ou bien de celle de quelqu'un d'autre - il ne semble pas y avoir de lien dans ce fatras de sens et de couleurs, le lien c'est moi (moi ?) mais je ne l'accepte pas - jamais je n'ai eu peur mais de la colère toujours, la rage folle au ventre, et tant et tant jusqu'à tomber épuisée et puis : le plus simple, au fond, ça serait parfois de ne pas exister - mais tu existes, tu existes entière dans ton morcellement quand tu es là, quand tu écris, quand tu me fais l'amour tu existes complètement dit-il (mon beau mystère aux yeux fendus, mon attraction terrestre et des contraires) - complètement ? - complètement un instant c'est là où le désir palpite, là où le désir existe, là où plus rien d'autre vraiment, de moi-même surgi et en moi-même revenu comme la vague, circulant dans le monde, circulant dans ma peau, brassant l'un à l'autre, les mêlant, les choquant - le perpétuel lieu de collision.

 

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vendredi 16 décembre 2005
photo de man ray