l'immédiate
plutôt la vie, rappelle-t-il en écho et sans en souffler mot depuis le premier jour j'ai posé dans ses mains tout mon devenir de chair vive et d'écriture, si tranquillement et comme jamais avant, aux auspices du cher, très cher Cravan, du vieux roublard Breton, de Mina Loy et d'un paquet d'horribles petits cigares japonais (je suis une fille rivière, une fille à mythes et à symboles), plutôt la vie oui le matin quand dans la boîte aux lettres une carte de noël de Sanae-san (serrée contre moi dans la rue, les larmes aux yeux), plutôt la vie... plutôt ce coeur à cran d'arrêt que la mare aux murmures, et toi jeune insolent tu es là, tu respires, je traverse la pièce et je touche ton épaule, cette façon que tu as de te retourner, de sourire - tu danses ? je suis entière dans ma peau entière heurtée à ta peau entière et - comme ça brûle toute
ma robe m'étreint, je vais dans la foule et le miroir immense,
si peu confiance en ce moi-mystère qui m'échappe mais
cette folle, cette aveugle confiance en ma peau, confiance en mon allure,
mes mains
mes hanches mes épaules mon
corps-sablier qui
avance - les yeux clos comme au plus fort du bonheur et m'élançant
toujours pour traverser sans peur le grand carrefour de Shibuya
- au feu dans ma poitrine qui tout le temps me déchire
qui tout le
temps
m'anime
je m'en remets entière. |