l'immédiate
journal d'O.
Paris

 

je marche dans la ville, je porte mon masque froid, cette fausse assurance nourrie à la fois de l'angoisse terrible et puis, revenant toujours par vagues, du très prégnant plaisir physique d'être un corps vivant - (rue de rennes, un type me demande si je suis danseuse) - alors : la ville, le vent, les yeux blessés par l'éclat de la lumière, l'agacement de la jupe qui remonte sur les jambes, l'ivresse de la pente de la rue saint-jacques qui ouvre la ville en tranchée vive jusqu'à la seine, et puis l'eau, le tremblement de la lumière, la classification rapide et ordonnée qu'imposent les regards, une sorte de cadenas sur la poitrine, une sorte de brûlure, j'entre dans une librairie pour lire dix lignes de l'Ombilic des Limbes, le jour qui baisse m'apaise, dans un café rouge et noir où j'avais connu l'amitié nocturne d'Eric (où êtes vous ? allez vous bien ?), un type me regarde avec effarement, il me parle en anglais, je le suis, je ressors de l'empire moderne d'un grand immeuble haussmannien les cheveux coupés d'un grand trait net et avec la folle idée qu'au milieu de ces filles officielles qui le valent bien, si j'avais autorisé quelques centimètres de plus j'aurais pu célébrer au sake le fait que, dans cet univers caché de strass et de supposés tours de magie, aux yeux d'un charmant cinglé de passage et aux frais de la princesse discrétionnelle, ma nuque apparue vaille à peu près un aller-retour business class pour Tokyo.

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mercredi 21 décembre 2005

 

 

" nous vivons une époque épique "