l'immédiate
journal d'O.

 

 

le goût du monde

02.06.05

sur les quais de la Seine et puis tombée d'un film peut être dit-il, à ma robe d'une autre époque, à mes yeux maquillés et ma façon d'envelopper le monde entier dans mes bras, nous ne sommes pas du même monde dit-il encore et comment lui en vouloir puisque la faute est mienne, mes manières de danseuse, la défense de ma froideur, cette apparente confiance dont peu connaissent les brèches et jusqu'à ma peau très blanche qui vient hurler à la sienne - je suis là dans la foule avec lui et le monde pourtant, je suis dans sa douceur, je suis dans sa parole, le territoire d'exigence politique sur lequel il s'avance tout à coup et que je soutiens - bord de nuit et de rivière avec un garçon inconnu qui me parle d'une Europe plus juste, une Europe qui ne serait pas seulement écrite par des pouvoirs, une Europe à échelle humaine - c'est la grande beauté des rencontres, c'est tout ce que j'aime de la vie ce moment de la nuit où les décors s'effondrent, et les clichés d'abord, tout ce que les gens ont à offrir de passion et d'intelligence lorsqu'on leur laisse la place de la parole, tout ce que ces traîtres de journaux ne diront jamais et qu'il faudra toujours aller chercher sous le vernis que nous aurons posé nous même, "en protection", tout ce qui viendra toujours nous prendre à la gorge, en couperet ou en respiration - c'est une foule bigarrée et langoureuse qui danse le tango sur la rive d'une ville, c'est la violence du désir des autres, c'est un garçon qui a grandi dans les faubourgs d'Alger et qui me parle, avec beauté, avec ferveur, de sa passion de participer à la construction d'une Europe dont il voudrait être fier.

 

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