l'immédiate
journal d'O.

 

 

cette pensée superbe et qui se danse

22.06.05

X, j'aime bien sa manière de fumer et son accent, cette façon de tirer le r sur le rauque, follement désinvolte, follement exotique je lui dis et je m'en vais - j'aime les garçons qui ont une voix, une tenue, une manière d'habiter leur(s) langue(s) qui n'appartient qu'à eux, j'aime les garçons infiniment et plus que tout ceux qui ne plient pas la nuque, ou alors devant moi pas trop vite, j'aime le silence où soudain ils m'échappent, le secret fou de leurs paupières closes, j'aime ne pas tout prendre, ne pas tout posséder, j'aime les fêlures et les failles, les crevasses à sang vif du langage, j'aime les corps qui m'emportent comme je suis, ceux-là de race rare qui n'exigent rien et me retrouvent toujours, j'aime les garçons qui se donnent comme on danse : un mouvement, un écart, échappée belle et ensemble dans l'allure, longtemps, longtemps.

 

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