l'immédiate
journal d'O.

 

 

l'épaule

28.06.05

dans le rêve le visage de Jake ressurgi du souvenir - visage exact de peau pâle, yeux en lame - ses mains comme il les avait posées, c'était un soir de match, un couloir de néon blanc, l'odeur de l'herbe coupée, je mesurais le temps - ses mains comme il les avait posées donnaient le heurt de son épaule à mon épaule, sa chaleur, sa confiance, l'engloutissement léger et le bel apaisement - ses mains pour m'enserrer et cette folle désinvolture anglo-saxonne le rêve en rit, le rêve murmure que rien n'est oublié, que tout est là en moi encore et nourrit le désir et appelle la beauté - cet appui, cette carrure, cet oeil comme un couteau, chaleur offerte de la peau et silence, toujours tant cherchés - je les recherche encore - et derrière eux plus fort que tout cet apaisement sans faille, cette simplicité, Jake dans un couloir d'école à dix heures du soir en été, au sortir du terrain et la pommette légèrement abîmée, sans un mot posant le rempart de son épaule contre ma folle tristesse.

 

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