l'immédiate
journal d'O.
Christchurch, Nouvelle-Zélande

 

 

sa fille, son enfant

03.03.05

un soir j'ai vu tes yeux vert d'eau vert de gris et tendresse se baisser dans les miens, c'était un soir d'hiver, le cercle chaud et bienheureux de la maison de l'enfance, un soir j'ai vu la larme brillante et c'était comme en rêve, c'était clair sans douleur, c'était le temps qui passe. nous avions pris ensemble un café je me souviens dans une brasserie près de la gare de l'est. il y avait ces miroirs qui nous ramenaient sans cesse dans le coeur l'image de notre lien et notre solitude. tu étais très beau et tu étais mon père, chaque pas à tes côtés était un pas de danse, entière à tes côtés, entière dans ta confiance. tu étais mon père, mon tout premier allié. un soir j'avais vingt ans dans ton émerveillement perpétuel de la vie. le temps nous filait sous la peau avec la beauté de l'enfance qui ne s'efface jamais. il y avait cette chanson de Reggiani qui était la nôtre et celle de mon départ, quand Reggiani est mort j'ai pleuré tout le jour, je t'ai téléphoné du fond de ma vie lointaine de jeune femme, je t'ai dit que je t'aimais absolument, défaite soudain comme de ma langue, folle de la peur sans fond de l'orpheline.

 

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