l'immédiate
journal d'O.

 

le soir le long des fines rues froides - la fête foraine traîne sa tristesse frivole de lumières multicolores et tubes FM le long du canal vide, il y a partout déjà comme un goût d'abandon, le cambouis mal essuyé des essieux hors-saison - et j'aime, c'est extraordinaire, intraduisible de la peau - j'aime ce balancement solitaire des bateaux délaissés, le souvenir dressé des grues et des leviers des grands chantiers navals, l'époque un peu fanée et décadente tradi de la Baule comme il faut, cette pluie fade et secrète des stations balnéaires, baisers de corde rêche, le beurre moelleux aux lèvres, avec la brume sincère qui prend le corps comme l'odeur de mauvaise huile et de sucre des cabanes à beignets, les enfants dans leurs lits lèchent sur l'éclat de leurs bras le souvenir de la vague, un cerf-volant échappé forme une main dans les arbres, je vois sur la jetée une silhouette blanche qui rit - les grandes roues éclairées de mille feux tournent incessantes et vides dans la nuit formidable que rien jamais n'apaise.

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samedi 5 août 2006