Paris,
il paraît
? bord de nuit. le temps coule dans les arbres. je dis : je ne
veux appartenir à personne.
je sais : j'ai tant besoin qu'on veille sur moi. au cinéma
avec H, folle de joie, les larmes immenses, immenses pour ma ville
merveilleuse et perdue, et je voudrais encore, et je voudrais toujours,
les vieux trains et de sueur dans les rizières périurbaines,
renards rouges, forêts de bambou, le Grand Bouddha de Kamakura
aimait les rice crackers et le thé vert en bouteille
vanté par Ebizo
dans les couloirs du métro, j'avance encore dans les jardins,
les ombrelles de papier, les ailes si fines si blanches des grues
et
des très jeunes mariées, j'avance sans fin le long
du pont d'Enoshima, il y a de la musique il y a des dorayaki chauds
des gâteaux à l'anko sur des
brochettes de bois, petits chats gris et bleus couchés dans
les bras nus des statues, filants les jeunes surfers rient
fort et se moquent du dragon, j'existe dans une île Pacifique
une chanson
de printemps
et ma peau pleine ouverte absorbée au soleil, encore plus
tard et toujours, mon coeur suspendu au monorail aérien,
pour rentrer dans ma ville épuisée de couleur de
joie et de lumière, un vieil
homme de hasard me fait conjuguer mes verbes dans le train, il
me donne des mots, il
rit,
soudain sublime la ville est là, Shibuya ouvrant ses portes
sur les guitares sur les néons la foule avide et comme je
l'aime, comme je traîne mon désir toujours
je
râpe
entières toute ma chair et ma joie aux angles des buildings, aux
signes lumineux - cette folle chaleur dans la peau qui
s'appelle peut être bonheur - the
unreal city's closing all its summer doors on you tonight...