l'immédiate
journal d'O.

Paris, il paraît ? bord de nuit. le temps coule dans les arbres. je dis : je ne veux appartenir à personne. je sais : j'ai tant besoin qu'on veille sur moi. au cinéma avec H, folle de joie, les larmes immenses, immenses pour ma ville merveilleuse et perdue, et je voudrais encore, et je voudrais toujours, les vieux trains et de sueur dans les rizières périurbaines, renards rouges, forêts de bambou, le Grand Bouddha de Kamakura aimait les rice crackers et le thé vert en bouteille vanté par Ebizo dans les couloirs du métro, j'avance encore dans les jardins, les ombrelles de papier, les ailes si fines si blanches des grues et des très jeunes mariées, j'avance sans fin le long du pont d'Enoshima, il y a de la musique il y a des dorayaki chauds des gâteaux à l'anko sur des brochettes de bois, petits chats gris et bleus couchés dans les bras nus des statues, filants les jeunes surfers rient fort et se moquent du dragon, j'existe dans une île Pacifique une chanson de printemps et ma peau pleine ouverte absorbée au soleil, encore plus tard et toujours, mon coeur suspendu au monorail aérien, pour rentrer dans ma ville épuisée de couleur de joie et de lumière, un vieil homme de hasard me fait conjuguer mes verbes dans le train, il me donne des mots, il rit, soudain sublime la ville est là, Shibuya ouvrant ses portes sur les guitares sur les néons la foule avide et comme je l'aime, comme je traîne mon désir toujours je râpe entières toute ma chair et ma joie aux angles des buildings, aux signes lumineux - cette folle chaleur dans la peau qui s'appelle peut être bonheur - the unreal city's closing all its summer doors on you tonight...

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vendredi 3 février 2006
the clientele : house on fire

 

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