alors partir encore, un matin, une aube fraîche, des trains dans des gares sales furieuses imprégnées de sueur et de l'encre des journaux, l'odeur de caoutchouc brûlé des vieilles locomotives - partir - l'immédiate donne un chiffre au hasard pour le quai l'autre pour le nombre de baisers - le marche-pied s'effrite, des voix perdues déjà, le mouvement seul sauvera le mouvement des fenêtres de nos coeurs en sursis, je ne peux plus si je reste, journal d'O. je ne peux plus faire semblant alors - devant, devant, poitrine ouverte pour prendre le vent - ça n'est pas le monde que je veux c'est être vivante en lui et dans ma peau, c'est te connaître, c'est te chercher, c'est te perdre à nouveau et t'inventer dans les absences, te retrouver hasard de rien assis là sur un banc les berges d'une ville du nord les cerisiers en fleurs d'Aoyama tu sais ou bien le grand désert, ces yeux comme je les connais ces yeux qui me regardent du rêve profond et cheveux noirs bataille, un peu languide un peu dangereux, debout tu aurais toujours l'air d'avoir déjà l'idée de t'en aller - alors, alors partir encore, la mer, le ciel, la grande lumière tragique et méditerranéenne, "la vie comme un voyage, au vent heureux et sans racines - partir dans l'ombre du rêve et la grande nuit secrète, ayant en elle-même son sens" en voiture de fortune comme avant et poussière, sur la route du Mexique des bougies allumées des arbres brillants de fer la lune semblait tomber droit sous nos yeux déchirés, la folle chaleur m'aimait - à Paris dans la foule quand P fermait ses yeux sous les miens il me laissait pleurer il m'accueillait en lui comme dans le bois d'un navire, je m'y voyais ballotée et heureuse et très libre, cinéma et poèmes pour aller dans des villes, des désirs, des échappées fugaces illusoires je m'en fous - partir, partir, sur le bord d'une mer bleue avant - après avec des marins ivres qui fument et jouent aux cartes, un garçon d'été rouge dans le confinement chaud d'un grand appartement qui écoute Dean Wareham il vit aussi la vague - sur les plages italiennes les maisons jaunes et belles tendent leurs draps comme des voiles et puis la mer m'appelle - Buenos Aires, je connaîtrai ce fin filet de désir filant entre les seins index - journal au long du bandoneón - l'urgence ne se formule pas elle existe dans la peau elle s'échappe aux chansons aux portes de la nuit ouverte dans les villes, les labyrinthes et les forêts - la vie comme un voyage et la vie immédiate, soudaine, violente si elle l'est liquide sinon et qu'importe, ego - archives - je prendrai tout, j'accueillerai tout, la vie comme un voyage c'est dans la peau que navigue d'abord ce désir fou du monde © 1999-2006 et j'en retrouve sans cesse réinventées les cartes secrètes dans les lignes de mes mains.

lundi 6 février 2006
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ego - archives -

© 1999-2006


 

 

 

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