l'immédiate
journal d'O.

 

une lettre de Chris R. me sert soudain de boussole : "the cold edges of industrialism tinged by humanness..." - je pense aux territoires retranchés du rêve dans les parkings souterrains, les terrains vagues, la masse physique des grues sur les chantiers navals. mon côté punk allemand des années 80, comme dirait H. mon épaisseur de luttes sociales et de visages vivants. mes images merveilleuses-monstrueuses, tout ce qui m'attire sans fin vers les grands ports de Flandres, les nobles ruines modernes des usines désaffectées, et l'ombre de Kinski dans le Nosferatu de Herzog, et la brèche du possible, Scott Walker dans la nuit, la cruauté ordinaire des grandes roues d'Odaiba, Monk Lewis version trash au soixante-dix-septième étage d'une tour de cité-travail...

tout à l'heure encore j'en suis restée muette, la beauté sans faille des plages industrielles, les garçons à peau pâle qui se nourrissent de bière, de pain et de mayonnaise assis sur leurs motos rafistolées de rêve et de rien le long du mur de tôle d'un hypermarché bouffi dans la campagne vide.

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jeudi 13 juillet 2006