l'immédiate
journal d'O.

 

petite boîte latine où dégorger le coeur, la peau, je rabats vers Pierre deux ou trois colombiennes, pour le geste. les filles dans les toilettes sont brunes et sans fatigue, maquillées en gorgone, dégoulinantes de sueur comme de belles oeuvres vivantes. j'aime et je respecte ces filles-là qui vivent pour la peau. elles existent, on se reconnait, on rit et on avance ensemble dans la même nuit étroite et molle. assises en toute cérémonie sur le bord de l'escalier ou bien du lavabo, leurs robes à volants remontées jusqu'à l'odeur de leur chair, elles me font fumer ces petites cigarettes sans filtre qui étouffent et rassurent, ces mêmes cigarettes que F ramenait de Bogota et fumait tranquillement, tous les soirs avant de se coucher, au bord de sa fenêtre de la rue de la Folie-Méricourt : il disait, de son éternel air d'enfant divin ou de premier de la classe, que ces cigarettes seules étaient anti-cancer.

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lundi 17 juillet 2006