l'immédiate
journal d'O.

 


L a vingt-quatre ans aujourd'hui, Hélène c'était hier, l'une de Paris et l'autre d'Espagne elles me parlent de soleil rouge et d'amour en lambeaux. L ma sublime et solaire, H mon grand coeur immédiat et languide, je les aime mes chéries je les aime c'est terrible et si rare et si fort simplement. toujours je pense à elles et toujours je m'étonne. je retrouve sur une robe qu'elle a portée l'odeur de L, cette odeur qui me semble toute entière appeler l'Inde : sueur, encens, patchouli, eau profonde des fleuves sacrés, le mystère fou des temples. je retrouve dans mes gestes des pans entiers de sa peau, une certaine façon, assez vive, de rire ou de marcher - c'est une manière aussi de ne pas devenir folle, de se sentir en soi-même sans cesse accompagnée. et je pense : je ne comprends rien à rien, le réel sans cesse m'érode, ma langue natale m'échappe, mes langues acquises se défont en morceaux, mon corps m'est une énigme, mes souvenirs même se diluent, et d'une minute à la suivante le visage, l'identité, la communication sont des mots qui me font doucement rire : tout s'effrite ; l'attraction puissante de nos corps et de nos rêves tient bon.

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mardi 18 juillet 2006