l'immédiate
journal d'O.

 

ma belle il dit et je suis là, j'accepte quand bien même je ne comprends pas, j'accepte son regard et son désir et sa voix - comme M lui ressemble, j'en ai mal sous la peau, pour creuser des tranchées où respirer un peu je téléphone à L, idiote remarquable planquée sous les gradins et qui chuchote oh mais j'ai un sérieux problème avec les sales types ou quoi ? c'est pourtant clair - V et M : au-delà même de la ressemblance physique, du ton de la voix et des sommets d'orgueil - le même splendide potentiel de dangerosité. chapitre grands fauves, c'est reparti pour un tour. ne te laisse pas faire ! me dit L au téléphone et puis elle ajoute : je dis cela pour la forme, bien entendu. bien entendu... je regarde V, je l'ignore ignominieusement, il me le rend bien et puis se rapprochant dès lors qu'un autre type s'en vient me parler, oui lui dit-il, tu as vu, il me semble toujours aussi qu'elle tombe d'une autre planète - je m'offusque et qu'est-ce que ça peut faire, de peau accaparée encore, de peau retrouvailles, dans la chaleur étouffante de cette ville enclose où la même forme d'yeux la même entaille à vif toujours me ramène, je suis farouche quand tu es là, l'ennui me ronge le reste du temps, et ce poison lent du désir dans les rues, je ne comprends pas - maman parle de V quand il était jeune, comment peut-on jamais avoir un âge quand on est né en 68 ? sans cesse le coeur me tire dans le gouffre de ma robe - je me sens gigantesque avec les contours flous, ballottée et idiote, je n'aime pas les froideurs factices où je me réfugie : de ton oeil cinéma et qui me scrute j'aime le désir en faille ouverte - je l'ai toujours aimé, j'en ai été soutenue - de ton oeil merveilleux je ne veux plus n'être que l'objet, je ne veux plus jouer les jeux : je veux surgir.

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jeudi 20 juillet 2006

Avignon