l'immédiate
lecture-critique, deuxième round.
c'est un extrait d'un des derniers livres de Duras que je lis à Hélène. ça s'appelle Ecrire. c'est ridicule au possible ce simili compte-rendu de médecin légiste qu'enregistre Duras sur plusieurs pages, ça suinte la dolorosa infectée de conscience, le témoignage quasi-religieux, bref, j'en tombe de ma chaise de rire - et de colère aussi. j'ai beaucoup aimé Duras, Le Vice-Consul sera toujours pour moi un livre d'une fulgurance inouïe, et Lol V Stein, et Le Navire Night, et tant d'autres, mais il y a des fureurs durassiennes, quand bien même motivées par la douleur la plus fondée, il y a des écrits que je ne peux pas tolérer. " J'ai pensé aux juifs. J'ai haï l'Allemagne comme aux premiers jours de la guerre, de tout mon corps, de toute ma force." écrit-elle quelques paragraphes plus haut dans ce même texte insupportable de la mort de la mouche. que dire de plus ? bien sûr il y avait déjà eu la grande phrase affolante sur son désir d'exterminer le peuple allemand. Ecrire a été publié en 1993. Ecrire vient mettre en perspective la Shoah et l'horreur nazie avec la mort naturelle d'une mouche à Neauphle-le-château. pendant que nous parlions dans ma chambre, H aux yeux bleus, mon Allemande préférée, a fait couler l'eau dans la très grande baignoire. je la suis dans la salle de bain en continuant de lire avec emphase :
- oh non ! s'exclame H en sortant une mouche morte de l'eau brûlante, y'en a une qui vient de claquer mais on est arrivées trop tard ! avant - après
mercredi 26 juillet 2006 |