l'immédiate
journal d'O.

 

la vie, soudain cette main inconnue dans le coeur, et pluie battante sur les routes, les forêts, est-ce que tu penses à moi quelques fois ? ridicule incertaine au secret de mon visage glacé je ne comprends pas bien comment on peut vouloir être avec moi - moi je comprends dit L, je ne comprends que ça ! - oh idiote dans le bain et tremblante de te téléphoner, une adolescente - toujours je te revois debout et l'air de rien, tu exploses l'espace - toujours le grand danger - parce que la peau sait (ma seule confiance mon seul réconfort au réel) la peau sait et se reconnaît de la foule - je ne m'explique rien, j'en ris, je m'en apaise, je sais toute la beauté enfin exacte - tu me rassures - quand tu es là quand tu avances cette brûlure évidente quand tu te tais encore, pour sourire - oui tu me rassures - la fureur l'embrasement cette machine infernale qui nous prend du dedans cette mélancolie mêlée de soleil blanc aux yeux et de douce nostalgie, cette urgence, cette confiance secrète, capables tous deux d'être là et morcelés, insoutenables, invincibles, arquant le dos du même mouvement et puis cette phrase qui tombe comme un couteau (L dit : oh tu es dure !) mais je suis juste je suis lucide je suis entière dans le fragment et la lumière des déceptions je dis : le bonheur rare de faire l'amour avec un garçon que je ne méprise pas.

 

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mardi 16 mai 2006