l'immédiate
journal d'O.

 

je délire complètement - dans le métro je parle avec passion à H des structures profondes de Chomsky, qu'est-ce qui me prend, mais la structure profonde déstructurée sans cesse cette langue intouchable et qui existe en nous je la sens qui fait mal, mal plus encore quand elle sort, se formule, les mots ne suffisent pas - à Belleville les flics sont partout et mouvements de foule affolés, finalement nous n'irons pas au cinéma, nous marcherons le long de la Seine et des jardins et tu seras ma protection, oh je suis fatiguée si fatiguée de cet état de veille de cette alerte du coeur de cette chair aux abois et que je ne comprends pas, ou que je pressens si folle, il est trop tard maintenant et qu'a-t-il eu à faire ? rien - rien - rien j'ai glissé dans sa peau comme de rien, peau liquide, languide, fervente, versant la gorge comme le grand canyon cette infinie faiblesse de la chair et doucement si doucement la vitesse à tournoyer dans l'oeil devant lui dénudée de frontières, de barrières, de ces morceaux de bon sens du maquillage du coeur en prévision des heurts devant lui de chair vive il fera les saccages qu'il voudra, assurément, d'indifférence ou d'emportement il viendra à abîmer cette machine désirante de ma peau et que je ne maîtrise pas, ou bien encore à l'aiguiser ? la ville m'emporte la nuit à tes bras immenses aux images rapides et percutantes qui te courent sur l'échine à tes yeux mes égaux je suis faite pour me donner encore encore encore et au-delà de moi

 

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vendredi 26 mai 2006