l'immédiate
journal d'O.

 

dans la rue R me dit à bientôt, et sa main dans ma nuque. cette folle envie de courir, dans les rues silencieuses, acceptées, cette folle envie de tomber encore dans la vitesse, puisque tout le reste m'échappe - je vois la ville, je ne la comprends pas - soudain le pont de Bir-Hakeim : tout en moi se soulève, et la nuit, la tristesse, la fatigue - je me jette dans l'allure je pense au grand repos des garçons japonais, quand ils vous prennent l'épaule on croirait être enfant, rien n'est grave, rien n'est chair, pourtant je ne sais pas faire l'enfant longtemps - R quand il parle ce français parfait français de son ambition programmée la politique pour lui est un plateau sur lequel se situer, toujours il faudra bouger ses pions et ses mains pour le faire dériver, ou à quoi bon ? moi toute pétrie de questions sociales et lui très vite ambassadeur - reprenons donc un verre de cet excellent Saint Emilion - je m'avance, je me cherche, je me vois si bien élevée si fréquentable si supposément plaisante supposément brillante je joue si bien les jeux je n'appartiens pas à ces jeux je n'y crois plus - alors descendue dans la rue Passy la morte toute ma peau brûlante violente furieuse enlever mes talons enlever le rouge laqué courir courir encore les lèvres nues

 

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jeudi 25 mai 2006