bloc-note
de la jeune fille frivole
une minute de presque printemps pris dans le pinceau lumineux des
arbres des jardins du luxembourg, c'est déjà ça
- je déclare à S
que j'aurais fait une superbe religieuse (la solitude, l'enthousiasme,
s'en remettre corps et âme dans un amour aveugle, tout ça)
: il s'étouffe
de rire - " joli décolleté me dit M, au
moins 7 sur l'échelle de Richter ! " - dans son
monstrueux salon toiles choisies au prix plaids écossais négligemment
jetés
de main de designer X me parle de
réussite, d'échec, de détermination
(il y a des gens
qui vivent
sur Mars,
vraiment)
- Frédérique me chuchote à l'oreille : " j'ai
vu ton père : je comprends " - moi aussi à chaque
fois que je le vois paraître, je comprends quelque chose de
plus - et cette force étrange - dans la rencontre les filles
pliées
en elles-mêmes,
leur désir tronqué, peaux de chagrin, souvent je me
fais l'effet d'un monstre grec ou d'une géante
- je note
: les seins de X = la veuve, et l'opprimé - la nuit les théories
de L pour me conforter, "mais suivant les
catégories
du Kama Sutra, nous sommes de très gracieuses éléphantes
!" -
la nuit tard sur les balcons dangereux Ryuji-san me déclare
sur un ton durassien au possible : toi
tu as compris la nostalgie des promenades à Enoshima -
effectivement, effectivement, je l'embrasse maintenant ? - N veut
m'acheter un t-shirt I'm
a sucker for guys in eyeliner (no
comment) - je préfèrerais
une robe rockabilly indécemment
cintrée
- M me frôle ou bien me déchire, nom de dieu quand ce
type baisse la garde infinie de ses yeux ça
me cisaille légèrement dans la chair, et j'ai
raté je crois ma carrière inconnue de chanteuse
trash dans un groupe de rock shoegazing avec la reverb à fond,
ou est-ce que le monde entier reste toujours à venir ?