le
marchand de bonbons du carrefour de l'odéon me dit de faire
attention, qu'une contre-manifestation fasciste se prépare à attendre
les cortèges
universitaires devant la Sorbonne - c'est ça, la vie, c'est
le masque tombé de chacun - les playmobils en faction dans
le quartier et qui ne se gênent
pas pour nous détailler
des jambes au décolleté quand H et moi circulons
sur le boulevard (undercover) n'auront décidément
plus qu'à nettoyer la place aux canons à eau
sous les flashes orientés des journalistes qui ne viennent
jamais que pour la scène finale : et dira-t-on la prudence,
la responsabilité,
l'organisation votée par tous au
détail près
dans les AG,
dira-t-on la colère,
le sentiment grandissant de n'être considéré que
pour être méprisé,
dira-t-on la peur insidieuse qui règne dans les cortèges
quand d'un côté viennent
s'infiltrer
des
gamins
de quinze
ans cagoulés comme des tueurs et
de
l'autre des skinheads tombés des beaux quartiers, dira-t-on l'alliance
sûre
des étudiants
et des enseignants, des lycéens aidés et gardés par nos bras,
dira-t-on la marche pacifique, puissante et engagée qui
ose enfin dire non par désir de bonheur et puis
de dignité ?
si belle
la foule quand elle avance.