l'immédiate
journal d'O.

 

 

le marchand de bonbons du carrefour de l'odéon me dit de faire attention, qu'une contre-manifestation fasciste se prépare à attendre les cortèges universitaires devant la Sorbonne - c'est ça, la vie, c'est le masque tombé de chacun - les playmobils en faction dans le quartier et qui ne se gênent pas pour nous détailler des jambes au décolleté quand H et moi circulons sur le boulevard (undercover) n'auront décidément plus qu'à nettoyer la place aux canons à eau sous les flashes orientés des journalistes qui ne viennent jamais que pour la scène finale : et dira-t-on la prudence, la responsabilité, l'organisation votée par tous au détail près dans les AG, dira-t-on la colère, le sentiment grandissant de n'être considéré que pour être méprisé, dira-t-on la peur insidieuse qui règne dans les cortèges quand d'un côté viennent s'infiltrer des gamins de quinze ans cagoulés comme des tueurs et de l'autre des skinheads tombés des beaux quartiers, dira-t-on l'alliance sûre des étudiants et des enseignants, des lycéens aidés et gardés par nos bras, dira-t-on la marche pacifique, puissante et engagée qui ose enfin dire non par désir de bonheur et puis de dignité ?

si belle la foule quand elle avance.

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mardi 14 mars 2006