je rentre à Nantes en évitant Paris, c'est aussi cette cassure qui me plaît, c'est le bonheur de rentrer chez soi, dans une ville où la douceur existe encore. vaillante avec H dans la pluie, les mystères, la grande table tout au fond du café qui a été faite pour nos histoires invraisemblables (je me demande de qui je suis amoureuse ?) - dans la salle de bain je cherche, en soufflant dans les tuyaux, une certaine tonalité Bene Gesserit, H me dit : je ne veux absolument pas savoir ce que tu es en train de faire mais je doute que cela soit très hygiénique, ma reine du commentaire lapidaire, cela ne l'empêche pas de faire du didgeridoo, assise en tailleur sur le parquet, avec le tuyau de l'aspirateur, et je raconte des insanités du bout des lèvres sans avoir jamais l'air d'y toucher, et j'insulte la télévision et je m'amuse follement d'un rien ou d'une bêtise, légèreté insensée, joie neuve, embardée de douceur, le passage des pluies froides et leur trace me passionnent, les ruelles sombres du Bouffay, austère la place que je traverse en chantant à tue-tête, cheveux froissés, yeux béants, vers l'église aux portes rouges et bleues ruisselantes comme du sang, vers les fontaines gelées, vers les rues souterraines, toute heureuse et toute vive, serpentine et cruelle pour le passage Pommeraye, il faudrait glisser toujours sur les pelouses impeccables de l'île désertée par le fleuve, suivre le garçon attendrissant le long des ponts dressés, lui dire des mots sans grand sens et partir, rue de l'Enfer, rue Simon Foucault (penser à changer le prénom), rue La Pérouse, rue de Gorges je descends tranquillement tu es là, belle et pâle, tu prends ma main, mon bras, ma taille, personne ne sait notre joie secrète de tout.

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jeudi 9 novembre 2006