l'immédiate
journal d'O.

belle allure. tentures rouges sur les tangos, ce que j'aime très vite c'est la moiteur des corps - dimension rendue à l'espace - et le souffle qui se tient, qui se tient très longuement : les yeux fermés sur l'épaule d'un homme - la surprise toujours renouvelée de les rouvrir, tirés de l'éternité, à des milliers de kilomètres du point de mon départ. je bascule. un moment tout est simple, limpide, et le pas glisse et vient, j'accepte de m'en remettre au danseur inconnu : je ne sais pas son nom, je garderai sa joie. sortant de la milonga, éberluée, étendue, liquide avec la nuit un peu tiède sur les quais T me dit : je ne te laisse pas rentrer chez toi comme ça ! et elle m'emmène très vite, elle me jette dans une fête grands miroirs et cocktails - au milieu des statues simili-grecques super kitsch avec mon air amazone sans doute je ne dénote pas tant que ça. je dérive, je m'érode, je suis la nuit en moi et la masse de la foule, le corps donné entier, le corps puissant et vif, infiniment je m'amuse, je n'en fais qu'à ma tête, quand il entre peu après nous je ne vois que lui, longtemps, très longtemps - le genre de type qui marche en emportant toute ma peau après lui dans ses yeux de désastre - oh well, je crois que c'est foutu.

 

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jeudi 30 novembre 2006