l'immédiate
journal d'O.

je suis faible et je suis insatiable et soluble dans l'eau s'il le faut - pas l'ombre d'un doute ou d'une question il est venu à moi très vite, sa main dans mon dos sans minauderie idiote, sa nuque fière et solide, faite du suc des racines, j'étais fine dans ses bras et je pensais à Jake ou je ne sais quel all-american boy de rigueur, avec la bouche plus douce, belles épaules, hanches étroites, adorable animal un peu taciturne et hautain (un sale type en puissance, donc, à en juger par mon attirance quasi-magnétique des énergumènes façon prince russe des grandes années, sombres et sensuels quoique généralement moins prompts à se battre en duel ou bien se suicider de joie) - oh il s'en foutait de Pouchkine le bel enfant tranquille, il marchait dans la rue m'enserrant dans ses bras, et tout le faisait rire, tout lui était caprice, dans les larges foules nocturnes sa main restait calée, comme une main de danseur, dans le plat de mon dos ou de ma hanche heureuse, et il me regardait, cercle infini, cercle impossible, et je ne comprenais rien à ses yeux merveilleux, ses yeux de très haute mer, implacables, rien de rien aux espaces, ailes battantes, formes vives, qui s'ouvraient entre nous, et ivre de la nuit à venir, ivre de vivre et de choisir, je glissais sous le flot, loin, loin, sans limites.

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vendredi 1er décembre 2006