les réverbères veillent avec moi, ils sombrent les premiers. huit heures, je prends la pluie et la masse des nuages, physique, à bout de bras il me semble qu'elle me suit jusque dans la vague du sommeil. les trams défilent. la brume, toujours. je parle à la cocotte-minute pour convaincre mon angoisse, irraisonnée, irrationnelle, des choses petites et sordides de la vie quotidienne. dans le bain toute ma peau m'interroge et je dis chut, j'ai le goût de glisser encore dans l'air et la poussière, de travailler au flanc la matière du désir, avec ce je-ne-sais-quoi, à l'épaule du garçon découvert, d'insensément somptueux. l'amour, le tango, l'écriture, tout pareil et puis aussi les grandes roues d'Odaiba, les retrouvailles, les animaux étincelants et la mer monstrueuse. il y a à chaque moment quelque chose qui me cogne dans le coeur, quelque chose d'heureux, d'inachevé, de conquérant aussi, la liberté de se donner, de tout donner, de connaître dans la nuit la folle palpitation des grands corps traversés.

 

avant - après
index - journal
ego - archives -

© 1999-2007

lundi 4 décembre 2006