traité de bave et d'éternité. au cinéma avec H et j'ai préparé les jambon-beurre et le thermos (ça creuse, la culture). dans la ville inconnue tout le monde se reconnait - la nuit, boire des rhums dérangés avec des types qui savent les mots clés et puis se perdre, se perdre pour les lumières, les derniers trams très lents, la nappe froide de la nuit - tout le temps je me dis : c'était la ville, c'était l'appel, c'était suivre cette inexplicable voix qui tout le temps m'emmène bien au-delà de moi, et qui me protège, c'était faire confiance, me faire confiance, s'aiguiller à la vie pour des détails de mots, d'images et de futilités, folles futilités que je ne comprendrai pas, c'était dire tu me blesses, tout me blesse, nous ne saurons jamais ce que nous avons raté parce que nous avions peur, qu'importe, qu'importe, qu'importe ! déjà il était trop tard, c'était les nuits d'appel, les nuits violentes et folles quand je me haïssais d'être si fière et si stricte, apprêtée à bien plaire, enchaînée à tes yeux et réclamant l'acquiescement, désirant ton désir, idiote, aveugle, poupée obscène qui minaude, les nuits à se faire mal dans des salles de bain froides ou la lumière aiguë des ascenseurs, les nuits fausses et morbides parce que toute la peau hurle et qu'il faut bien la faire taire, les nuits désastreuses, amnésiques, est-ce qu'il fallait en venir là ? soudain Sigi coupait le pain avec des mains heureuses, Uli faisait le thé et le monde prenait sens, somptueusement, j'étais sur des eaux vertes dans leur confiance tranquille, les lèvres craquelées comme du papier journal, j'étais dans des bonheurs insondables et sans heurt, sans magie, la surprise de la poitrine qui se soulève encore, et encore, et encore, et d'abord pour moi seule - encore choisir le départ, sans cesse se projeter.

 

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mercredi 25 octobre 2006