| l'immédiate
la chaleur dans la peau, comme tes mains comme ta bouche c'est cette confiance aussi - confiance aveugle et démesurée : tu es si belle, tu vas si loin, tu m'aimes si bien. je ris dans les rues sans ombre et sans fatigue, je plonge mes bras jusqu'aux coudes dans l'épaisseur des librairies, et devant l'étalage ridicule des egos de septembre alors que je croise le regard dubitatif d'un vieux monsieur : nous éclatons de rire. il n'y a vraiment rien ! me dit-il, et puis il ajoute : bien heureusement je vois que vous avez des attaches solides - corsetée d'entre le feu des murs dans le recoin des premières lettres entre Aragon, Artaud, Baron-Supervielle et Bataille. il y a là un gros néon tendancieux qui me chauffe les nerfs à blanc. je m'appuie contre la découpe en biais du verre de la vitrine avec l'idée que quelqu'un viendra se pencher de l'extérieur pour lire sur mon épaule, Comment nous attarder à des livres auxquels, sensiblement, l'auteur n'a pas été contraint ? dans la rue dans le fracas du métro je ne sais pas ce que c'est c'est un poids soulevé c'est, de te retrouver, une folle ivresse du monde et des choses et des peaux, une désinvolture de jeune ravageuse avec ce goût intense de creuser dans le coeur d'un garçon indolent ou d'une poignée de vers de Marina Tsvetaeva - sur le quai tu me laisses un baiser et une force en relief tu ris de mes yeux maquillés de khôl bleu comme je ne le fais jamais, ce khôl bleu trouvé dans ta trousse au petit matin l'assurance du trait le thé bu à la fenêtre et la brume sur les toits je pestais contre les circulaires Sarkozy en écoutant RFI tu m'appelais ton amour ton mystère et ta Touareg, à la gare du Nord alors que je lui souris le vieil homme dans ses nippes déchirées me salue en arabe (un jour je parlerai arabe) je remonte dans l'air liquide et épais qui me baigne toute entière je pense à toi et au bonheur simple de toi, aux digues délirantes que tu abats en moi, je te tiens absolue à chaque instant du monde. avant - après
mardi 5 septembre 2006 |