l'immédiate
journal d'O.

 

Cécile si vivante et sa jupe noire, son pull orange à même la peau, les yeux brillants et irrigués de tout ce qui reste sans cesse à éprouver du monde - tes yeux Dora Maar, oh comme tu m'as manqué ! Cécile s'amuse, tout l'emporte, elle s'investit pour un geste, une pluie fringuante, une rencontre suave et silencieuse dans les couloirs en vrac d'un métro de hasard, toute dans la foule, toute dans l'allant, elle dit il n'y a plus rien à attendre ni de cette ville ni des univers de strass et de paillettes dans lesquels j'évolue alors je n'attends rien : je prends, et elle rit, elle s'enflamme, je la retrouve très bien embrassant un garçon timide et plein d'images sur le bord d'une place vide, la nuit, ou jetant une oeillade démesurée et si fragile, comme elle le fait maintenant (je dis : ah non pas eux ils parlent de Mallarmé depuis une heure et demie !), comme elle le fait encore, et encore, et elle acceptera leurs chemises claires leurs ongles propres leurs heurts existentiels sur ce fard noyé dans l'eau perfide des glaciers, la vérité c'est qu'elle a tout saisi des mécanismes de son désir - ce qui reste à saisir c'est l'autre, l'autre dans son instant, sa corporéité étonnante de vivant, le sang qui bat à ses tempes un peu vite un peu plus vite encore et quand j'y pose le doigt le frisson passe en moi, Cécile si belle, son dos droit de danseuse, les petits points - imperceptibles, tellement présents - qu'ils ont tatoué en repères sur sa peau mate et tendre, Cécile vibrante dans sa peau de jeune femme regagnée à l'horreur salvatrice de la chimiothérapie - la vie, même.

 

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jeudi 14 septembre 2006