Nantes. je marche très vite le long d'une ligne de tram, le long d'immeubles blancs qui penchent follement vers le rêve, la présence silencieuse et presque immobile du grand fleuve. tout à l'heure au calme des jardins oui j'ai presque pleuré. on ne sait pas ce que l'on fait, ni pourquoi, ni comment, on dérive tout au corps d'une image ou d'un appel secret, des trucs plus ou moins avouables qui convoquent pour un feu d'artifice de vieux concerts des Little Rabbits et une rencontre de guerre sur un lit d'hôpital de la rue du Boccage - et puis le bon sourire du camarade Péret, sir yes sir Gracq, une chanson de Barbara et deux ou trois corsaires dans des bateaux armés pour les souhaits de haute mer, de quoi se nourrir sous la peau - "Nantes : peut-être avec Paris la seule ville de France où j'ai l'impression que peut m'arriver quelque chose qui en vaut la peine..." - ça fait des années qu'à chaque haut-le-coeur de Paris je délire le signe et puis je sors le joker Nantes - Nantes que je ne connais pas, Nantes où je ne connais personne, et ce soir mes premiers pas la ville est là et brille et m'accueille, oui je peux dire qu'elle m'accueille (les rues lumineuses et tranquilles, le bail signé avec un jus de mangue, le jeune type du café qui m'écrit des conseils et des plans sur des serviettes en papier) et debout dans la nuit quand une foule bienheureuse joue à un deux trois soleil sur la place du commerce j'aime la façon dont je souris enfin, doucement, sans raison, sans fatigue, avec la force immense de faire des choses nouvelles, avec H ma fidèle et qui me suit si bien dans mes folles embardées, tout gain sensible misé sur la ville de Breton et de Jacques Vaché, puisque ce que je souhaite maintenant, pour un moment donné, ça n'est rien tant qu'une ville forte à vivre absolument. avant -
après mercredi 27 septembre 2006 |