l'immédiate
journal d'O.

 

le soir et la foule ; les pierres vertes de mes boucles d'oreilles glissent lentement dans le décolleté de ma robe. il rit, plus tard il dira que c'est parce que je touche tout le temps mes cheveux, je ferai : oh really ? en pensant : presque cuit. souvent je suis une rapace : j'ai vu ta bouche onctueuse, hanches étroites et jusqu'à la façon dont ta peau palpite au noyau de ta gorge, si tu t'approches encore je vais te croquer cru, mon coeur. c'est une nuit comme une autre, froide, lumineuse, insondable au flux noir de la ville mortifère et les mains contre les miennes au radiateur de fonte tu ne voulais pas dire que tu allais quitter Paris pour Londres ou pour Hong Kong : je m'en fichais, je m'en fichais éperdument, j'aurais été capable de te dire ok je viens aussi. on vit pour des moments, moi je ne veux que ça, être entière dans ma peau être entière dans des bras et surprise à la rue, matière de l'air, gorge versée, un territoire de tendresse que tu pourrais toucher un territoire immense et lavé par la peur, la nuit, le goût de l'absolu et l'ivresse d'exister, un territoire mouvant - oh si seulement je pouvais être un tout petit peu plus que mon simple contour.

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mardi 18 décembre 2007