l'immédiate
journal d'O.

 

évidemment tendue, la robe noire pour danser, mais ça ne m'amuse plus - narcotango, tranquille, ah ça j'allonge la jambe, je donne le dos parfait, je navigue les yeux clos, en confiance, mais lui quand il pousse loin, qu'il joue de son pouvoir, est-ce qu'il en a le droit ? je dis personne ne me parle comme ça et je m'en vais, le bal abasourdi, craquement des disques, le souffle des pas pressés lentement sur les parquets sensibles, et les robes qui se frôlent, la bouche dure des rideaux, il n'a pas quitté son côté du damier, il a dans les yeux (sombres) un truc insupportable et vain qui me prend en miroir, je sais bien que tu joues parce que tout te transperce, ton visage si tenu me ramène à mes heurts, nous sommes des murs, des mensonges de confiance, nous aiguisons nos peines à tout ce qui est plus tendre ou plus fragile, et c'est facile, c'est si facile de blesser, c'est cette satisfaction égoïste de l'asservissement à nos forces dont nous doutons sans cesse, oh il faut tout nous rappeler, toujours nous conforter, il faut que dans l'oeil de l'autre toujours nous soyons sûrs, et splendides sinon à quoi bon ? quelle fatigue et quelle perte de temps, quel dégoût de ma peau quand je la vis pour plaire à l'autre exclusivement, oui je t'évitais dans les espaces clos, dans les gestes, dans les salutations de rigueur jamais rien de plus que l'air de s'en moquer, parce que je ne voulais pas voir à quel point je te comprenais - plano secuencia, je reprends ta main, et ton dos, et l'on va s'en tirer de cette tristesse folle, si l'on concède la peur, si l'on tient juste un peu, la musique, le mouvement, il faut pourtant essayer.

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vendredi 2 février 2007

photo : man ray