l'immédiate
journal d'O.

 

tombée du ciel et d'une drôle de tristesse sur la rive gauche de la Loire, la rive froide, brumeuse, mangée aux bras par les filets de la nuit, doucement. je me réveille sous les lumières du tram, la foule, l'attente, la condescendance des cartes et des panneaux, hey me dit un vieux couple de types, et si l'île était un bateau et rien d'autre ? elle flotte dans le brouillard l'île de Nantes toute défaite et refaite hâtivement, elle avance oui, avec les réverbères jaunes comme des bouées et les cheminées, les rues en bastingage dans la distance - les types rient, leur bouteille sous leur bras, et je suis avec eux quand ils rêvent de partir, lentement, sûrement, tout le long de l'estuaire sur ce paquebot de fortune, un paquebot inventé pour la mer haute et les îles. le tram est là, il s'effile sur les ponts comme ce qui me reste encore d'un grand rêve japonais, je descends dans une pluie délicieuse et qui tire, qui tire à rentrer seule, à pied, le long des quais désertés, je voudrais qu'elle pénètre toute en moi, je voudrais qu'elle comble cette lacune à la vie que j'ai d'être si seule.

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jeudi 1er février 2007