l'immédiate
journal d'O.

 

juste un moment, il faut reprendre : dimanche, la longue journée douce dans l'orage langoureux, avec la pluie grisée et les disques, eu sei que vou te amar, toute larme effacée j'ai écrit mon journal comme avant, au crayon, carnet chinois, j'ai écrit tu ne sais pas, tu ne peux pas savoir, tu me tiens dans la nuit, tu jouis, tu dors et au matin moi aussi j'ai envie que tu partes - que tu partes très vite. c'est fou la place que tu prends dans une pièce, tu cherches l'oeil tu ne peux pas me reprocher ça aussi, tu coules dans mes bras tu dis que je suis belle, et sensuelle, et mystérieuse, des mots qui n'ont pas de sens pour moi, tu dis qu'il faut que je me force à la vie qui ne se force à rien, tu dis autant de choses qui n'ont pas d'importance, qui ferment dans tes mots ce que tu veux de moi et très vite ça m'étouffe, ta bouche m'étouffe, si beau aux yeux vacants tu es comme tous les autres si fiers de leur trouvaille et de leur joie nocturne, si fier parce que dans la foule j'ai demandé ta peau, la tienne seule, et maintenant tu te fends d'un essai sur les filles du premier soir, et j'ai envie de demander : est-ce que tu as craché sur le second ? si tu maîtrises ta vie comme ton souffle à l'effort c'est une source d'admiration comme une autre, je suis bon public, mais tes leçons de vie me font rire aux éclats : tu ne sais pas, tu n'as rien à faire de ces choses-là, tu n'imagines pas l'aube vive, lavée de ton odeur, avec l'orage qui vient, la vie vécue jusqu'au-delà de moi, les azalées grinçantes, les voilures des fenêtres, et je suis vraie, et je suis seule, et déchirée de désir pour le monde c'est aussi l'unique chose qui me tient.


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lundi 12 février 2007