l'immédiate
journal d'O.

 

retrouvant D - sa beauté trouble, instable, inquiétante. une blondeur un peu sale, la fatigue sous les yeux, petites épaules, pas de maquillage, son décolleté un vide vertigineux, craquant des allumettes depuis le bord du balcon elle me regarde en riant investir tout l'espace, brune et physique, elle dit : tout mon contraire ! j'aime beaucoup son amie R - sans bijoux, sans apprêt, pantalons gris et bouche mordue, les cheveux presque rasés, splendide. la troisième - S - est sans doute la plus jolie mais la moins attirante, trop jeune, trop lisse, écrasée aux angles d'une pièce par le danger montant, pourtant je les revois marchant ensemble dans la lumière liquide d'une pelouse à l'automne, et le soir sous les arcades, animales, effrénées, c'est à la nuit que l'on se retrouvait, et je crachais la peur, la masse trop prégnante du corps, la chair, la forme, ce qu'on appelle la féminité et qui est ma limite, à chaque moment du monde ou du temps ma limite invivable - ce qui passivement me marque et que je ne supporte pas - le dernier matin, je me souviens, longtemps j'avais regardé R avancer sur la plage, sa belle nuque dure, ses mains râpées, solides, R dans son corps et tout courant de force neutralisé elle était qui elle voulait.


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mardi 13 mars 2007