l'immédiate
journal d'O.

 

la longue bête blanche dans la poitrine - une masse, une force, une folie - l'intenable déchirure. tout encore la peau s'ouvre, parce que la nuit fade, l'odeur masquée de la pluie dans les bois, la présence du canal, parce qu'on ne m'aime pas, parce que tout ce que je traverse me renverse de joie et me laisse affamée, déconstruite, voulant plus encore jusqu'à l'excès du corps, c'est simple cette blessure dans le sein c'est une longue lame qui passe et qui repasse, sans fatigue, une lame que rien n'arrête, c'est : je suis sur le bord du petit jour et ma poitrine me tue, ma poitrine que tu aimes, que tu touches lentement, ma poitrine pleine d'une vie que je ne comprends pas - et je pense à Dora ivre d'espace et de peur, debout sur le pont d'un navire imaginaire avec le vent qui cingle, Pacifique l'océan rien ne l'est elle divague, elle délire, elle avance à corps plein dans une masse d'eau qui la tient, elle va surgir, encore, et la bête folle en elle, oui je pense à Dora, dans la rue mal tenue les barres bleues des immeubles au crépuscule facile, presque la grêle, presque Paris, Dora c'est l'histoire de la fille qui s'échappe sous son oeil, la bête la ronge, la bête la vide, Dora seule a la force de la vivre jusqu'au delà du réel.


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jeudi 29 mars 2007