l'immédiate
journal d'O.

 

l'illusion de Montmartre, et je descends la pente toute la pente de mon coeur, les rues sont vides, pâles, martelées sur l'orange fuyant des feux et l'ombre latente de l'air, c'est être dans un corset dans le goulot de pierre de taille étroite de la ville silencieuse c'est la chute : je passe dans le parc le plus noir, la nuit la plus dure, en suspends à la vitre dépoli d'un club et les monstres de vingt ans dansent, démantelés, vides d'eux-mêmes, des danses aveugles et identiques ; comme tout semble lisse, rue de rochechouart la femme anglaise se tenait sur une béquille et l'homme petit, très petit, avec des yeux de bulle ou d'animal baissait la nuque quand elle criait : but I love you and I'm going to lose you ! coeur saccade, lune néon, la pente étrange qui porte les pas au-delà du choix ou de la volonté et c'est comme, vraiment, comme le boyau de verre d'un flipper : chute libre, bumper lumineux du carrefour Cadet, les trois filles aux bouches glossy, penchées des bras les unes des autres, vomissant une purée jaune sous les roues des voitures, un homme dormait sur un banc et ses dents claquaient, fort, ses dents de destruction à la nuit de misère : pourtant peut être encore tout du monde me sauve de moi-même.


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samedi 17 novembre 2007