l'immédiate
journal d'O.

 

 


ils surgissent comme en rêve, l'un trop brun l'autre les yeux fous et clairsemés, et quand on marche de front on marche les bras noués tout à travers la rue, la rue qui glisse encore autour, la rue violente et soudain repoussée - je crois que je suis là entière. la nuit qui tombe s'ouvre en deux dans ma main comme la pulpe d'un fruit, je rêve dans les cafés avec la peau qui brûle et des pupilles démentes, la nuit ne se résoudra pas avant que j'aie tenu, un long moment, entière entre vos mains et riant aux éclats. la maman, la frangine, la fatale, la putain, un peu plus que cela je veux tellement plus que cela : être votre frère à l'égal quand vous vous retrouvez - M toxique comme une drogue, J bord du gouffre et splendide. vous souriez, à demi. sans doute de loin en loin nous nous heurtons sans cesse et sauvegardons. sans doute aveuglément. je n'ai jamais dit que j'étais absolue : j'ai dit que j'étais de votre côté de la vie. je ne serai pas la muse, parce qu'être la muse ou l'apanage du désir ça ne me suffit pas, parce que si j'existe avec vous j'existe d'abord en moi. mes bras tiennent dans vos bras, debout dans un corps violent et libre, simplement. je n'ai pas le sens du réel : vous êtes choisis de longtemps, choisis de nuits profondes, d'appels et de vertiges, rideaux rouges ombres noires à chaque folles retrouvailles. rien ne remplace cette folie d'être avec vous : j'ai besoin de la ville que vous fabriquez - rues sanguines, bars sordides, corps versés entièrement dans la béance du soir et le grand désarroi.

 

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mercredi 3 octobre 2007