l'immédiate
il vient dans le rêve comme il venait avant : le silence, l'oeil-couteau, l'entour. je crois que nous sommes assis au milieu d'une cour qui pourrait être celle de notre lycée, avec les cerisiers du Japon en fleurs et confetti, les trains qui filent dans la distance et l'on croyait le ressac de la mer. je demande : est-ce que je paye le prix ? c'est une superstition de nuit noire et bougies, la nuit où tu es venu, avec ta bouche rouge, jusque dans ma chambre d'adolescente : la nuit où je ne t'ai pas voulu. est-ce que je paye le prix, d'avoir été aimée, terriblement aimée, d'avoir été la seule, le jour et la nuit et le jour encore quand tu me suivais à la trace et que je te méprisais de m'être si dévoué ? je me savais si peu, je m'acceptais si mal, toute ma peau me tordait et puis me tord encore, sans rémission. toi tu n'as jamais eu peur : tu respectais ton coeur, et tu me respectais. je te trouvais bien simple ; mon orgueil m'étouffera... est-ce que je paye le prix, dis-moi, est-ce que je tombe en pièces maintenant d'avoir compris trop tard la rareté et la force, la beauté de l'amour fou, est-ce que je me détruis moi-même de ne plus y croire ? tes yeux en lame tranchante, c'est toujours ce que je préfère, chez les autres. ta peau pâle, ton air slave, et les cheveux si noirs. toujours tu donnes, jamais tu n'hésites. dans une nuit de neige tu étais venu me chercher, tu conduisais tout à travers la plaine immense et uniforme, tu m'avais dit : mais je veille. je veux garder en moi tous les fragments bleu nuit du rêve et de l'adolescence, ces fragments fous qui disent : la rencontre est possible, une rencontre qui serait collision, déraison, la violence et la déflagration du désir à chaque instant donné, une rencontre qui serait aussi perpétuelle et splendide, indéchiffrable - mais vraie. avant -
après lundi 8 octobre 2007
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