l'immédiate
journal d'O.

 

 

comme elle pénètre la pièce, intense avec les yeux miroirs, et sa main avancée, sa main brisée de l'air - cette fille n'est que mouvement - sa main m'apaise d'un coup, en caresse. le sait-elle ? elle est la fille soyeuse que les angles n'accrochent pas, la fille garçon aussi, si peu inquiète d'être ou bien de paraître, la fille-épiphanie, et les grands tigres tranquilles viennent dormir à ses pieds. je reste dans son sillage, ou elle autant dans le mien, noeuds telluriques tenus dans la foule hasardeuse, nous croisons sur les mêmes courants. j'ai rêvé dans l'été, depuis notre première rencontre, une fille de fiction qui aurait son allure, quelque chose d'une ancienne ville mythique qu'il reste à découvrir. comme je suis frêle, enfant, légèrement idiote et toute pleine de merveilles quand elle vient contre moi, et ses cheveux dans mes cheveux. des portes s'ouvrent et se ferment dans des décors de fortune, une forêt de bouleaux argentés sur le bord d'une falaise, physique la nuit comme le pli des collines frangées au Pacifique, notre image de l'orage d'un balcon en passerelle vers une autre qualité de samedi soir sur terre, la vie arrive en elle en vrac et comme au travers d'un cristal, je dis son nom si simple, elle verse la gorge entière pour goûter toute la pluie.


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10 septembre 2007