l'immédiate
journal d'O.

 



comme la nuit s'engouffre - je pensais au morceau de mer qui me possède pareil, la carte indélébile qui se dessine en moi de la nuque au dedans de mes mains - cette force étrange, infime, inaltérable, ce perpétuel désir de l'autre et de l'ailleurs - pour goûter le départ et sombrer dans le corps. je vis pour des fragments, des images, j'aime le creux d'un visage pour le souvenir d'un rêve, l'arc d'un chemin, le soir, quelques mots échangés sur le quai d'une gare vide, avec les lampadaires poissons lunes qui ondulent, lentement - je ne sais pas, je suis si loin, il y a dans mes gestes le mouvement d'une autre qui va plus vite, plus fort et que je ne rejoins pas, une tristesse furieuse qui encore me relève, m'abat, se dilue dans la vague, une tristesse montueuse qui creuse à la poitrine comme au creux d'un calcaire : je ne suis pas solide, je suis poreuse, percluse, abîmée d'un seul mot, d'un froissement, ils ne peuvent pas savoir, ils ne sauront jamais, ce n'est que l'étroitesse de la robe qui retient toute la chair qui m'échappe.


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samedi 23 février 2008