l'immédiate fantasque P quand la nuit nous écoutons la vague s'abattre dans la Bouche de l'enfer - tout est obscurité, et l'ombre froide d'Aleister Crowley - terrible P dans la sueur de la salle souterraine, debout sur le ring, les yeux fous, la bouche rouge, cette transe du corps qui n'envie rien à la littérature - P, vraiment, le seul surfer-boxeur que je connaisse qui déclame les Mensagem de Pessoa en écoutant de la viole de gambe, il me rappelle soudain que dans cette façon de vivre ma vie - ultime, tendue, douloureuse, magnifique - je ne suis pas solitaire et que tout se résoudra toujours dans le soleil liquide d'une presqu'île ou d'un corps, le moment de l'atteinte et de la passion pleine. P, donc, ouvrant pour moi la porte grillagée de l'ascenseur de l'immeuble de la petite-nièce de Pessoa et la première page du Paradise lost de Milton : cette émotion très simple, à feuilleter les pages de papier bible que le jeune Pessoa a couvert de notes au porte-plume - notes de lecture, d'enthousiasme, corrigeant sans vergogne les plus mauvais alexandrins, en anglais. je mets les mains dans la malle comme dans le mystère d'un homme : surtout, ne rien en posséder. surtout, goûter l'immensité. du monde qui me passionne de l'écrit de l'amour je ne veux pas tout connaître, je préfère la promenade de désir qui soudain me surprend, et la gorge bouleversée. Patricio rit : je mets du rouge à lèvres pour lire les manuscrits inédits. vendredi 15 février 2008 |