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27.08.01

moderation is a memory

mel rigole toute seule. elle a encore grandi pendant l'été. elle aborde la vie comme d'autres vont à la mer, par pleines brassées.

ma soeur. petite soeur. on dirait qu'elle garde tout un monde bien à elle à l'intérieur. elle en rayonne. ses rêves et ses folies transparaissent sous le grain blanc de sa peau. ses rêves, ses envies. ses rêves, ses envolées de vie. elle est tellement belle quand elle rigole. rigole, comme un mot plein d'eau qui danse sur les pierres et les rochers. rigole, comme un mot qui s'éparpille, un rire qui scintille. rigole, comme un courant terrible qui s'élance en avant sans peur de rien. rigole, un semblant d'enfance dans le langage, la beauté des instants partagés. ensemble, aujourd'hui, et longtemps. y a-t-il vraiment des touches sur le clavier pour écrire ce que les mots eux-mêmes ne sauront jamais dire ?

 

liz phair qui chante moderation is a memory... le ciel nouvellement gris, et qui me plaît tant. les cheveux qui sentent le médicament. jambes repliées sur le canapé pour lire. coleridge. wordsworth. je pars en délire avec les romantiques anglais les plus acharnés. j'adore. je rêve de fleurs et de grands feux et de bateaux au bord du lac. je mange du chocolat qui a un goût de café. avant-hier, avec L, une heure à disserter sur l'importance de mots comme "pain" ou "café" dans une phrase. les clés d'une ambiance recréée. penser à faire une démonstration, convoquer pour cela les écrivains de la terre, Giono, Bosco, et mon ami Guy Goffette aux matins anciens et dénudés. mais de quoi parle-t-elle ? aucune idée. mais elle parle, et avec le sourire, alors hein c'est déjà ça. grand sourire, même. avec L, encore, énumération des erreurs de jeunesse. grand fou rire. oubli des prénoms. souvenir des mains. un guitariste, un pianiste américain. un romantique première période (chateaubriand). un autre au nom de peintre. un sanguin, brésilien. mon dieu. comme la vie est belle. dans tous les cas, toujours eu un penchant pour les musiciens et les intellectuels. ouille ouille ouille.

toujours dans ma blouse bleue, je renoue avec mes anciens mondes. retrouvé des bijoux marocains en vidant le tiroir de ma coiffeuse. des bijoux kabyles qui cliquètent comme des grelots, des bracelets d'argent, des anneaux de couleur. il y a aussi le poids étrange et tellement bleu du khôl dans de petites fioles de verre, les ornements compliqués des encense-parfums, l'eau de rose, de fleur d'oranger, les pierres d'ambre que j'effrite entre mes doigts pour en respirer tout le parfum enivrant... brusquement je revois : Fès la nuit illuminée depuis les terrasses d'un jardin de mosaïque, le café des délices de Rabat surplombant une mer plombée de pluie, les palmeraies du désert, Boulmina, Zagora, les dunes lointaines où ondulent les dromadaires, l'odeur du sel et du dénuement, l'incroyable sensation de solitude dans l'immensité du monde. ces jours marocains, je croyais ne plus rien avoir à chercher et j'ai trouvé le néant, la pureté sans limite, celle qui vous réduit à poussière dans le silence du désert, qui vous laisse à demi-mort de faim et de fatigue spirituelle, tant et tant qu'au moindre signe vert d'un palmier, d'une fontaine ou d'une oasis, on pourrait tomber à genoux et croire en dieu.

that blessed mood,
in which the burthen of the mystery
in which the heavy and the weary weight
of all this unintelligible world,
is lightened.
- william wordsworth -

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