breathing under water...
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(un journal online)

 

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samedi 1er décembre 2001

toi qui avances à mots feutrés...

sur le bord blond des plages, elle marchait en équilibre, en équilibre sur le bord bleu des vagues, l'écume blanche, mousseuse dans la nuit noire, une ligne, un fil blanc tendu sur le soir, elle marchait pieds nus, ses sandales à la main, un sourire au coin du coeur, une chanson inconnue dans la tête.

c'était la nuit chaude de juillet, sur le bord blond des plages d'une île lointaine, une île hors du temps où l'on caracole à cheval, les maisons blanches se dressent entre les arbres à la coloniale, une île où elle aurait pu, elle le sait, peut être enfin trouver la trace de tous ces arbres étranges, les cyprès, les orangers, les citronniers, les oliviers, les grenadiers, les cédratiers, les myrtes, les lentisques. arrivé au bout de sa science il en avait inventé d'autres, des citronnelliers, des tubas, des circassiers, des myrobolans et même des paupelliers. éblouie elle aurait respiré l'odeur vanillée de ces arbres merveilleux. elle les aurait trouvé, tous, elle le sait.

 

sur le bord blond des plages un peu folle elle allait, funambule de l'impossible, elle allait tout le soir goûtant le vent, la mer, la nuit noire immobile. elle se laissait aller, liquide et mouvementée, elle se laissait aller tout le long par la mer, cette mer immense intense au nom de marmara, une mer qui n'existe pas, ou à peine, ensevelie déjà dans l'histoire, les îles des princes, constantinople la belle, une mer qui, quand elle remontait chez elle la nuit, n'existait que pour elle. c'était l'été des heures étranges goûtées au soleil, le sable dans les cheveux qui changent de couleur comme des arcs-en-ciel, l'été lointain et elle savait déjà, depuis son paradis perdu de marmara, qu'allant sur le bord blond des plages la nuit elle marchait à petits pas sur la charnière, la limite, qu'allant sur les plages la nuit elle marchait sur le bord blond du monde, le bord aigü des sentiments nouveaux, un jour elle se rappelerait tout ça elle dirait, je ne pouvais rien faire, rien faire d'autre que sentir ça, se sentir dépassée, déjà. lui très loin qui l'appelait la nuit, elle voulait résister comme au chant des sirènes, elle disait mais non, ça n'est pas sérieux voyons, pas sérieux vraiment, elle disait non elle restait sur le fil, sur le bord blond des plages en balançant les bras, au loin la mer appelait et elle savait déjà, elle se laissait aller il n'y avait plus que ça, avancer à mots feutrés quand on ne va jamais que là où le coeur nous porte.

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