aujourd'hui j'ai été boire un thé avec K au loir
dans la théière. (c'est un petit café dans le marais, X n'aime pas trop). paris sous la
pluie, l'arbre au fond de la cour a changé de couleur pendant la nuit. je dis à K, peut
être que c'est comme ça, on donne un ton, un tempo, une couleur à sa vie dès le
début, quelque chose que l'on choisit et auquel on doit se tenir jusqu'au bout. elle
sourit. elle se penche sur son thé, souffle dessus pour le refroidir (ces trucs là ne
marchent jamais), et puis elle dit, il y a comme une odeur qui stagne. elle cherche
laquelle, elle finit par la nommer comme elle a le savoir de le faire, elle dit : une
odeur d'héliotrope et de cédrat. je la regarde un peu
bizarrement. K est une fille un peu étrange parfois. elle attache son pull avec une
grosse épingle à nourrice, elle parle danois, elle est très exclusive, très élusive,
elle vit dans l'attente un peu folle de quelque chose qu'elle ne saurait pas nommer pour
autant, un mode d'emploi à la vie, une raison à sa mélancolie.
je la regarde, elle a les joues pâles, les yeux bleus, je la
regarde et soudainement elle m'est lointaine, distante, étrangère, en même temps je ne
me suis jamais sentie si proche d'elle, je la regarde j'ai un besoin irrésistible de la
vouvoyer, je lui dis :
c'est comme vous voulez.
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