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... living under glass

(un journal online)

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mercredi 28 novembre 2001

une odeur d'héliotrope et de cédrat

dans le train pour stuttgart, ville d'arbres et de neige. je lisais Ada. j'adorais Ada. je mangeais de petites étoiles en pain d'épice et puis du chocolat. il y avait un monsieur très gentil assis devant moi qui me demandait tout le temps si j'allais bien. je lui disais oui-oui, merci. je pensais à X avec son grand parapluie, en fait je crois qu'il s'inquiétait de moi parce que j'avais l'air très blanc, très transparent des gens qui ont été lavés de l'intérieur par la tristesse infinie d'une méprise, une déception. tout à l'heure en montant dans le train avec mes valises très lourdes le monsieur s'était levé, il y avait quelqu'un à côté de ma place réservée, le monsieur très gentil avait insisté pour que je me mette ailleurs,  

à un endroit où j'aurais deux places pour moi, un endroit où je serai bien, dans le sens du train, il avait insisté je ne le connaissais pas, il avait insisté, il avait placé mes valises dans les petits casiers, moi je pensais à X coupant paris à grands pas sous la pluie avec son parapluie que personne n'aime sauf moi parce qu'on peut s'y réfugier, moi je pensais à X j'avais cet air très blanc très transparent des gens qui ont été lavés de l'intérieur par la tristesse infinie d'une méprise, une déception, le monsieur revenait du wagon-bar, il m'avait rapportée du thé dans un petit gobelet, du thé très chaud, très noir, moi je pensais à X, à son grand parapluie vert que personne n'aime sauf moi parce qu'on peut s'y réfugier s'y cacher comme ce soir-là rue monsieur le prince, de temps en temps le monsieur se retournait me demandait si tout allait bien je lui disais oui-oui merci, je laissais le monde défiler derrière la vitre, l'herbe très verte des prairies du nord, les forêts les lacs la nuit qui tombe comme un voile, de temps en temps il se retournait, me souriait, moi je pensais à X à son grand parapluie que personne n'aime sauf moi parce qu'on peut s'y réfugier, s'y cacher, aux yeux du monde enfin protégés y voler un baiser.

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