elle dort, tout le temps. elle a les
cheveux emmêlés par la nuit, elle aime qu'on s'occupe d'elle au matin (midi). elle prend
des bains, tout le temps, et très moussants. lui la rejoint, s'assoit par terre, sur le
carrelage rouge, il tient un livre qu'il lit à voix haute, les mots coulent dans le bain
pendant qu'elle joue avec la mousse, maintenant déjà très vite il fait noir, il est
tard, ils restent fondus dans l'eau dans le langage et à un moment il dit, on se croirait
dans un film de godard.
...
je sais que Th va revenir. son souvenir est un peu flou, il se
mélange au souvenir de A, mais je sais qu'il va revenir. il y a d'abord eu ce semblant de
rêve, l'autre nuit, les jardins sous la pluie. très doux. après il y a eut sa voix. je
veux dire, je me souviens de sa voix. je me souviens des mots qu'il me disait (il ne
parlait pas beaucoup). il disait, stories only happen to those who can tell them. enfin,
les arbres. les fontaines. les allées sombres dans les taillis. il pleuvait. la première
fois que je l'ai rencontré, c'était la nuit dans les jardins, la forêt, il pleuvait. je
n'aurai pas du être là ce soir-là. j'avais une place de théâtre pour une pièce
quelconque, avec faye dunaway. master class, je crois que ça s'appelait. c'était
l'hiver. il faisait froid. il pleuvait. je n'aurais pas du être là, j'étais venue quand
même parce que C était triste, elle parlait de retourner en france. le père de J
possédait le club attenant aux jardins, les courts de tennis, les piscines. J nous
ouvrait les portes, nous y jouions la nuit. c'était l'hiver, il faisait froid, à un
moment J a vu que je grelottais, il m'a crié d'aller chercher une couverture dans sa
voiture. la chevrolet était garée sous les arbres. j'ai ouvert la porte arrière,
avancé la main sur la banquette de cuir, et j'en ai rencontré une autre.
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